Romans
- Nous autres les Sanchez (1961), Prix de la Société des Gens de Lettres
- Histoire d'une salamandre (1963)
- Je m'appelle Jéricho (1964)
- Les Feux de la Chandeleur (1966), Prix des Libraires de France
- Le Nègre de Sables (1968)
- L'Empire du taureau (1974)
- Le Clown de la rue Montorgeuil (1978)
- Dame suisse sur un canapé de reps vert (1981)
- Le Rendez-vous de Strasbourg (1984)
- La Route vers la fiancée, Albin Michel, (1992) Grand Prix de la ville de Nancy
Romans autobiographiques
- Comme l'or d'un anneau (1971), Prix Sully-Olivier de Serres, Albin Michel 2004
- Pour le plaisir (1976)
- La colline d'en face (1987), Albin Michel, 2002
- Le passage du SS, Albin Michel, (1997)
- L'amour là-bas en Allemagne, Albin Michel (2006)
- L'enterrement d'un juif hongrois ; Albin Michel (2017)
Nouvelles
- Les faiseurs de chance Denoël (1963), Prix des Ecrivains de l'Ouest
- Les désarmés, Albin Michel, (2000), Bourse Goncourt de la Nouvelle
Poèmes
- Écrit pour l'âme des cavaliers, prix Marceline Desborde Valmore, éditions Favre (1956)
- 52 poèmes pour une année, éditions de l'Atelier (1989)
- "Catherine Paysan récite Catherine Paysan"
cd de poésies
- Célébration des forêts : Soleil Vert - Forêt en été - Forêt - Forêt d'hiver
- Célébration de la mer et des rivières: soir de pêche - Marin - Equinoxe - Le ballon - Pour la rivière Huisne
- Célébration des bêtes : Chevaux - Licorne - Corbeau - Le chant des coqs - Les boeufs
- Au sujet de l'amour - Toutes sortes d'amour : De l'amour - L'épouse du Clown - Psaume d'amour chanté par la femme - Krakenovehiarsk ou le pardon
- Toutes sortes de manque d'amour : Tristesse - Solitude - Il me souvient - Pogrom
- Célébration des racines : Aulaines - Au jardin de mon père - Pour mes morts - Fenêtre ouverte sur la mer - Mourir
- A l'époux défunt : chant de tristesse du guerrier
- Requiem à mon intention : Ma voix - Testament
CD en vente au prix de 12€ dans les librairies Thuard et Doucet du Mans
Edition CDL : http://www.cdleditions.com/
Essai
La Prière Parallèle, éditions Albin Michel, collection Espaces Libres
Théâtre
- Les oiseaux migrateurs (1969) pièce radiophonique, France Culture
- Attila Dounai éditions Denoël (1983)
Chansons de texte
Chansons pour moi toute seule (1964), chansons de Catherine Paysan, interpretées par elle-même. Editions Mouloudji (1964) distribution Festival.
"Chansons pour moi toute seule"
Les chansons de ce disque sont désormais disponibles sur itunes.
Films adaptés de ses livres
Pour la télévision :
- Histoire d'une salamandre, Antenne 2
- 1997: L'empire du taureau avec Miche Galabru - 3ème chaîne
Pour le cinéma :
- 1968: Ce sacré Grand-père (basé de Je m'appelle Jericho) avec Michel Simon, Marie Dubois, Serge Gainsbourg
- 1972: Les Feux de la Chandeleur, Regie: Serge Korber, avec Annie Girardot, Jean Rochefort, Bernard Fresson, Bernard Lecoq et Claude Jade. Film présenté au Festival de Cannes
Fims Documentaires :
En France
En 2002, Roland Desprès réalise 2 films documentaire de 52 minutes :
- sauvagerie et culture
- païanisme et histoire
Production France 3 Grand Ouest et studio 24 images.
Pour l'achat des dvd, s'adresser à 24 images
En Allemagne
2009: Liebe unerwünscht - ein Kriegsgefangener in Frankreich ( Amour condamné, une prisonnier de guerre en France) Film documentaire produit par la chaîne de télévision de WDR de Cologne sur la période entre 1946 et 1948 de l'auteur. Invitation officielle de la ville de Spyre pour la présentation du livre L'amour là-bas en Allemagne en 2008 en présence de l'ambassadeur de France de Frankfort.
Bibliographie
Une marginalité flamboyante, éditions des actes du colloque Harmattan, Paris 2006
Livre écrit dans le cadre du premier colloque international de 2004 autour de l'oeuvre de Catherine Paysan. Direction Michèle Rachot, professeur émérite de littérature contemporaine. Avec le patronage du Conseil Général de la Sarthe et de la région des Pays de la Loire.
Catherine Paysan : déchirures culturelles. Les rapports de civilisation dans son oeuvre.
Colloque franco-allemand en 2010 de l'oeuvre de Catherine Paysan sous la direction du docteur en histoire Reiner Riemenschneider. Avec le soutien du Conseil Général de la Sarthe et du ministère de la Culture et de la Communication.
Interviews importantes
Radio
- France Culture avec Cyprio
- Café de l'Industrie avec Fréderic Mitterrand
- Europe 1 avec Fréderic Mitterrand
- France Inter, Radioscopie avec Jacques Chancel
- Radio Genève avec Jacques Bofford
- Radio Lausanne
- Radio Notre-Dame Paris
Télévision
- Lecture pour tous avec Pierre Dergrope
- Ouvrez les guillemets avec Bernard Pivot
- Apostrophe avec Bernard Pivot
- France 3 : Nantes, Rennes, Lyon, Strasbourg, Pau
- Radio-télévision : Belgique, Bruxelles, Genève, Suisse, Montréal
Conférence du 18 décembre 2014 donnée par M. Rainer Riemenschneider
Bibliographie Catherine Paysan
Cette conférence sur "Le monde juif dans l'oeuvre de Catherine Paysan" a été donnée à l'Amitié judéo-chrétienne Jules Isaac de Montpellier .
Rainer
Riemenschneider
Rainer Riemenschneider
Le monde juif dans l'oeuvre littéraire de Catherine Paysan
I.
Il est temps de reparler de Catherine Paysan, qui est une grande figure de la culture française contem-poraine. Romancière, dramaturge, poète, compositeur, chansonnier, elle a placé au cœur de son Œuvre foisonnante une vingtaine de romans, nouvelles et récits autobiographiques, publiés au cours d'un demi-siècle. La plupart de ses livres illustrent des destins humains marqués par des rapports de civilisations - rapports conflictuels, violents, destructeurs, mais aussi amicaux, apaisants, constructifs. Un des grands thèmes est la mixité, vécue dans toutes ses dimensions : enrichissantes, mais aussi aliénantes pour l'individu comme pour la communauté. Le racisme est un autre thème, lancinant et récurrent. Une problématique on ne peut plus actuelle! Mais une actualité mise en perspective dans son épaisseur historique et le lourd poids du passé. C'est que l'auteure brosse à grands traits vigoureux, mais aussi en filigranes subtils toutes les facettes du drame que constitue le choc des civilisations à travers les âges, vécu par des personnages de fiction qui côtoient des acteurs historiques réels.
La création littéraire est largement irriguée par le vécu personnel de l'auteure. Catherine Paysan, de son nom civil Annie Roulette, est née en 1926 à Aulaines dans la Sarthe. Il est important pour notre propos que durant l'Occupation, Annie adolescente se lie d'amitié à une jeune juive dont la famille a trouvé refuge à Aulaines, avec la complicité de la gendarmerie locale. Après la Libération et en reconnaissance de cette protection, la famille juive accueillera Annie pendant une année dans sa maison en région parisienne où elle entamera des études de germanistique. Grâce à cet accueil, Annie a pu faire ample connaissance du judaïsme, qui lui deviendra familier quand elle rencontrera un juif hongrois réchappé miraculeusement de la Shoah et qui deviendra son mari en 1967.
II.
Ses expériences du monde juif se retrouvent, transposées en littérature, dans trois de ses livres. Ma conférence en explore les représentations
Un premier exemple : Mariette et Isaac, un couple inégal
En 1963 Catherine Paysan publie un recueil de nouvelles intitulé Les faiseurs de chance. Il s'y trouve la nouvelle « Reviens, reviens Isaac ! ». Cette nouvelle est une fiction, écrite sous forme de lettre. Une longue lettre écrite par une jeune femme chrétienne, Mariette, à son amant Isaac qui, comme son nom l'indique, est juif. Au lendemain d'une vive altercation qui entraîne la séparation, Mariette supplie Isaac de revenir vers elle et de prendre du recul par rapport à sa communauté. Cette communauté qui, à son avis, exerce un pouvoir tyrannique sur les individus, de sorte que si certains membres ont la velléité de se lier à un chrétien ou une chrétienne, ils sont expulsés comme des brebis galeuses. C'est ainsi que la jeune femme a vécu la mixité qui s'est heurtée au bastion du communautarisme.
Deuxième exemple :Marguerite Droz et Etienne Schwalbe, un amour sans lendemain
Catherine Paysan revient sur le sujet 20 ans plus tard, dans le roman Dame suisse sur un canapé de reps vert, (1981). Ce roman-fiction contient un chapitre sur le monde juif d'environ 35 pages, ce qui fait à peu près 12 % du contenu du livre. C'est le chapitre-clé de tout le roman. Il raconte les liens amoureux qui ont enchanté deux jeunes Suisses : Marguerite Droz - dont le père est calviniste et la mère, catholique d'origine française -, est lycéenne à Neuchâtel quand elle rencontre en 1943 le jeune juif Etienne Schwalbe , qui fait son service militaire comme sergent dans l'armée suisse. Les deux rêvent de la paix et d'une vie en commun, dans un monde débarrassé de l'antisémitisme et de la persécution raciste qui se fait sentir en Suisse sous la pression de l'Allemagne nazie. La réalisation du rêve semble à portée de main quand les Alliés débarquent en Normandie en juin 1944. Mais le rêve s'évanouit brutalement quand Etienne apprend l'horreur de la Shoah qui le détermine à émigrer en Israël. La promesse faite à Marguerite ne sera jamais réalisée. Leur amour reste sans lendemain, désavoué par Etienne unilatéralement. Par un mouvement de rétraction, il se replie sur sa communauté, par peur sans doute, mais sûrement par solidarité, et du coup, il rompt les liens avec le monde non-juif, par défiance... et Marguerite en fait les frais. Tout comme Etienne, elle est victime d'une déchirure. Leur amour a succombé à des forces qui les dépassent inexorablement. C'est la tragédie, ourlée par le maître de la mort qui se nomme Allemagne, pour emprunter à l'émouvant poème de Paul Celan, la Fugue de la Mort. Le canapé de reps vert est pour Marguerite le symbole d'une promesse non tenue, d'un projet de vie commune avec Etienne resté inachevé.
Troisième exemple : la chapellerie Wolf
Le roman autobiographique intitulé Le passage du S.S. (1997) a les années d'Occupation pour sujet. Il contient un chapitre sur le monde juif. La structure du chapitre est un modèle du genre. Il s'ouvre sur une brève évocation de la mise en place de l'occupation allemande, de sa collaboration avec Vichy et de la persécution raciale. Une rétrospective trace à grands traits la condition faite aux juifs de France à travers l'histoire, qui débouche sur la composition sociale de la population juive à l'époque de la IIIe République. Le récit s'attarde ensuite sur la chapellerie Wolf, un magasin chic au centre de la ville du Mans, chef-lieu du département de la Sarthe, et se termine par une analyse de l'antisémitisme français en cheville avec le nazisme. L'auteure fait un récit émouvant des visites avec sa mère au magasin Wolf qui a enchanté la jeune Annie Roulette, et elle se souvient des habits de fête délicieusement confectionnés par la famille Wolf. L'auteure note avec humour que ce sont les mains juives qui ont haussé l'enfant à l'état de chrétienne. Et, plus profondément, elle reconnaît ainsi, en un raccourci saisissant, toute la dette que la chrétienté a contractée envers son aîné le judaïsme et envers la supériorité d'une certaine culture juive – une culture qui est partie en fumée dans les fours crématoires des camps d'extermination nazis. Tout le chapitre est un cri de tristesse face au sort de la famille Wolf, comme aux « centaines de milliers d'autres juifs », bien sûr. Mais tristesse aussi devant l'immense perte que les sociétés européennes se sont infligées en s'amputant de leurs membres juifs et de leur culture.
III.
De manière générale, on peut constater que l'auteure, dans les trois livres analysés, offre un large éventail d'informations sur le judaïsme. Le lecteur apprend une foule de données qui lui permettent de se faire une idée de ce qu'était le destin du peuple juif dans le temps long. Le regard porté sur le judaïsme est un regard d'empathie, de sympathie. Nous avons vu la grande considération pour la culture juive et pour son apport à la civilisation. La famille Schwalbe et la famille Wolf en sont des exemples vivants.
Mais ces familles témoignent en même temps des multiples discriminations et persécutions récurrentes dont les juifs ont été les victimes au cours des siècles. Les Wolf disparaissent dans les camps d'extermination nazis ; Etienne Schwalbe veut en finir une fois pour toutes avec la condition de victime et de bouc émissaire en rompant les liens avec les non-juifs et en choisissant l'alya. Les malheurs se sont gravés dans les consciences et commandent les comportements, comme le montre la défiance d'Isaac envers sa petite amie aryenne.
Face aux victimes, l'auteure montre du doigt les acteurs, les bourreaux. Et leur idéologie abjecte, l'anti-sémitisme, est désigné clairement dans les textes. La « dénonciation de toutes les formes de racisme » est un élément-clé de la pensée de l'auteure, et pas seulement dans les livres analysés ici.
Le regard porté sur le peuple juif est un regard de chrétienne, comme on dit communément, faute de terme plus approprié. Car si christianisme il y a, c'est un christianisme dépourvu de tout dogmatisme théologique. Son rapport à Dieu, Catherine Paysan l'a expliqué dans un recueil publié en 1985 où 21 écrivains juifs, chrétiens, musulmans racontent leurs « Itinéraires vers Dieu ». Son christianisme met en avant les valeurs de tolérance et mesure les religions à l'aune de l' humanisme. De ce fait, l'auteure met en garde contre les dangers de tous les communautarismes qui enferment l'individu au nom de la religion. A cet égard, elle interpelle le judaïsme à travers Isaac et à travers Etienne Schwalbe: n'est-il pas problématique que certains de ses porteurs se considèrent comme étant du peuple élu ? Le message de Catherine Paysan est à la fois simple et exigeant : ayez le courage d'aimer, dans le respect mutuel. L'amour peut transcender les différences, mais il ne les efface pas pour autant. Si l'amour ne peut pas tout, il peut beaucoup. En épousant un juif, Catherine Paysan en a apporté la preuve.
***
Pour une introduction commode à l'oeuvre de Catherine Paysan, on peut consulter les Actes d'un colloque publiés sous la direction de Rainer Riemenschneider et Evelyne Brandts : Déchirures culturelles, expériences allemandes. Les rapports de civilisation dans l'oeuvre de Catherine Paysan ; avec une allocution de Frédéric Mitterrand, alors ministre de la culture et de la communication, Paris : L'Harmattan, coll. Allemagne d'hier et d'aujourd'hui, 2012.
Nouveau récit autobiographique de Catherine Paysan
Catherine Paysan a terminé son dernier livre
Yvon Lechevestrier, (ylechevest@gmail.com) ancien journaliste à Ouest-France, ami de longue date avec Catherine Paysan, raconte ses récentes rencontres avec elle, au moment où elle vient de terminer son nouveau livre L'enterrement d'un juif hongrois .
Quatre ans au fond de la mine
Samedi 20 février 2016... Bientôt 13h. Catherine chantonne "Parfois il neige, puis il fait chaud..." Une de ses chansons d'amour. Inédite. Écrite par elle il y a quelques années. Elle clôt son prochain livre.
Dans la pénombre de sa maison d'Aulaines en Sarthe, je la devine heureuse, soulagée, presque détendue. Comment ne le serait-elle pas? Elle vient de mettre le point final à un long travail commencé voilà plus de quatre ans.
Quatre années d'écriture acharnée, quotidienne, passées à creuser, creuser encore, le filon -tel un mineur de fond- sans toujours savoir où elle allait "dans le périlleux et le difficile".
Plus de 500 pages écrites à la main
Ces derniers mois je l'ai accompagné pour retranscrire sur une tablette numérique son manuscrit que, maintenant, nous allons transmettre à son éditeur Albin Michel.
Un heureux compagnonnage pendant lequel j'ai mesuré l'incroyable somme d'énergie qu'il lui aura fallu pour rédiger de sa fine écriture plus de 500 pages d'écolier à la main. Mesuré et admiré sa fabuleuse, prodigieuse, mémoire dans laquelle elle puise tout ce qui nourrit son œuvre. Mesuré (mais état-ce nécessaire?) son talent pour raconter. Se raconter. Avec son style bien à elle, loin de ces poncifs, de cette facilité et de cette uniformisation d'aujourd'hui.
Comme Arsène Lupin
Quel bonheur d'avoir été le tout premier lecteur de son prochain livre! Une première expérience qui m'aura donné l'impression de me glisser dans la peau d'un gentleman cambrioleur que Catherine aurait laissé entrer chez elle pour qu'il voit un trésor. Avec le seul droit de pouvoir le toucher des yeux.
Un trésor insoupçonné. Magnifique. Accumulations de pierres précieuses, de tableaux de maîtres et d'objets d'arts ciselés, amassés au gré des voyages ou offerts par des hommes et des femmes rencontrés au fil du temps à Paris, en Suisse, au Québec et, bien sûr, en Sarthe, chez elle.
Une "love-Story" immarcescible
Quel trésor, mes amis! Merveilleux comme le sont les récits de ces histoires d'amour qui nous font tous vibrer. Et Dieu sait que "L'enterrement d'un juif hongrois" est une formidable love-Story. La sienne avec Emil, son mari, son "chenapan".
"Une histoire immarcescible", dit-elle. Je donne ma langue au chat. "Ca signifie: qui ne peut se flétrir..." Le mot est juste. Il colle comme un gant de soie à leur histoire. Une histoire dans l'Histoire, la grande, avec ses conflits, ses horreurs, ses déchirements. Drôle d'époque. Epique, sous sa plume